5 février 2018
Un jour ou l’autre, le temps vous donnera raison. Mais qu’est-ce que cela veut dire, avoir raison? Ce mot raisonne (résonne?) à l’horizon. Découvrir le monde, chercher à le maîtriser, scruter l’infiniment petit, inventer l’eau froide! Et regarder la vie, les molécules de la vie avec de nouveaux outils. Un homme avec sa raison, en raisonnant, a trouvé un moyen de découvrir comme Colomb dans ses voyages, un nouveau monde: cet homme, c’est Jacques Dubochet. Nous l’avons admiré, nous l’avons fêté, nous l’avons suivi dans le Nord, nous l’avons vu serrer la main d’un roi, nous nous sommes passionnés pour ses passions. Nous nous sommes appropriés une parcelle de lui: c’est notre Prix Nobel.
Une appropriation facilitée par sa personnalité. On dit souvent que la science est une affaire d’égos, mais dans le cas de Jacques Dubochet, s’il a brillé, s’il continue de briller, c’est pour mieux nous baigner dans sa lumière, celle d’un scientifique et d’un humaniste. C’est un homme, un savant, un éthicien, un penseur dont la pensée existait bien avant que les lumières de la rampe le transforment en une étoile brillant au firmament de la science.
Jacques a toujours été, est et restera, un honnête homme. Il prend soin de l’autre, il donne beaucoup, lui qui a reçu un cerveau dont il a su faire usage. Sa générosité sociale, son engagement pour son prochain est un exemple. Ayons de lui une image qui ne soit pas biaisée par la gloire d’un prix aussi prestigieux soit-il, mais qui soit remplie par son mérite, par sa femme solaire, par les gens qu’il aime, par la science qu’il a développée, par les savoirs qu’il transmet, par son humour espiègle.
Cet hommage se veut vivant, pour un être vivant qui explore la vie. Jacques Dubochet reflète tellement bien ce que l’Université de Lausanne veut porter et transmettre, le «Savoir vivant»: il en est la preuve vivante!
Merci Jacques, nous sommes fiers de toi, la Faculté de biologie et de médecine est fière de toi, mais surtout, nous sommes tous fiers de notre Prix Nobel. Nous te sommes reconnaissants, alors que peu d’entre nous te connaissons vraiment: mystères de la connaissance et du regard porté sur l’autre. Mais nous t’aimons Jacques! Pour qui tu es, grâce et avec les tiens…
Jean-Daniel Tissot, Doyen FBM